top of page

Enfants malades et méthodologies adaptées

école_mottet.jpg
hospichild.png
école_escale.jpg

Analyse réflexive de nos différentes visites et rencontres au fil du cours Enfants Malades ...

Pour notre première visite d’une école à l’hôpital, Monsieur Robaey avait choisi de nous emmener à Liège à L’École Mottet qui accueille une structure SSAS (structure scolaire d’aide à la socialisation), école d’enseignement spécialisé de type 5. J’ai été fort surprise par cette première visite et je ne m’attendais pas du tout à cela. L’objectif de Monsieur Robaey, qui était de nous surprendre et de rompre les clichés que nous avions de l’école à l’hôpital, était réussi. Nous n’avons pas rencontré d’enfants mais nous avons été plongés au cœur même de l’organisation d’une telle structure en participant au conseil des profs du vendredi après-midi. Nous avons directement compris que cette école, pas comme les autres, était unique en son genre en Belgique. La directrice a, dans un premier temps, fait le point sur les informations sur tel ou tel enfant qu’elle voulait transmettre à l’ensemble de l’équipe et puis, dans un second temps, chaque enseignant a pris la parole pour expliquer comment il avait perçu les progrès, l’état de santé, les faiblesses, les absences, ... d’un tel ou une telle élève durant la semaine. Tout cela s’est passé dans un climat de bienveillance.

L’école Mottet accueille principalement des adolescents du secondaire qui sont en décrochage scolaire suite à des troubles psychotiques, des troubles psychologiques, suite à un état dépressif, … La politique de l’école est autre que celle pratiquée dans l’enseignement traditionnel ; « les enfants qui sont là ont besoin d’apprendre autrement et de s’ouvrir à d’autres horizons » avant de regagner leur école d’origine.

 

Les objectifs de l’école sont les suivants :

 

  • continuer à apprendre,

  • maintenir les apprentissages,

  • garder le rythme ou le reprendre,

  • préserver la socialisation,

  • envisager la réussite scolaire malgré la maladie, …

 

Chaque enfant a un horaire qui lui est propre. Les cours obligatoires sont les cours de math, de français et de langues et le cours de sciences est ajouté au premier degré en vue de l’obtention du CE1D. Les autres cours sont donnés sous forme d’ateliers. Les ateliers sont donnés en verticalité (c-à-d mélange des âges). C’est au travers de ces ateliers que les enfants se construisent. Il existe une quinzaine d’ateliers, tous donnés par des enseignants « professionnels » dans un domaine. Voici la liste de ces ateliers : cuisine, arts plastiques, théâtre, imprimerie, atelier scientifique, stylisme, photos, stratégie, musique, chant, vidéo, projets, …

Cette école m’a quelque peu redonné confiance en ce système qui a tendance à laisser de côté les enfants qui souffrent de problèmes psychologiques. Leur redonner le goût d’apprendre est capital. Cette école devrait servir d’exemple car ce type d’approche a porté ses fruits et peut faire des miracles auprès de ces jeunes en souffrance.

 

Notre deuxième visite était organisée à l’École Escale à Wavre. Cette école de type 5 accueille des enfants de maternelle, primaire et secondaire qui viennent des quatre coins de la Belgique. A l’heure actuelle, les enfants sont plus ou moins une cinquantaine majoritairement en âge de fréquenter les classes du primaire. L’école est directement rattachée à l’hôpital William Lénox qui est sur le même site. Les enfants qui sont hospitalisés sont là pour deux raisons :

- une prise en charge à court terme : Les enfants réalisent un bilan pluridisciplinaire de trois semaines - le bilan se fait à l’hôpital et l’école prend en charge les apprentissages.

- une prise en charge à plus long terme : Les enfants présents à l’hôpital sont là pour plusieurs raisons : stabilisation d’un traitement médicamenteux, situation post-opératoire, enfants en décrochage scolaire, enfants atteints de troubles des apprentissages avec suspicion de problèmes neurologiques, enfants ayant subi un traumatisme crânien, « enfants en fracture/cassure de vie », …

 

A l’origine, l’école et l’hôpital accueillaient une majorité d’enfants atteints d’épilepsie mais les choses évoluent, les maladies psychologiques se multiplient et les directions changent. Lors de cette visite, j’ai bien senti des tensions au sein même de l’équipe pédagogique et de l’hôpital. Tous les acteurs doivent travailler ensemble et doivent s’accorder sur les mêmes points. J’ai ressenti que ce n’était pas toujours facile d’être sur la même longueur d’onde.

 

Les objectifs principaux de L’École Escale pour tous les jeunes qui leur sont confiés sont les suivants : passer tout d’abord par une phase de sociabilisation, maintenir les acquis, offrir un maximum d’options et rendre l’élève acteur de ses apprentissages. Les différents intervenants ont très peu parlé de tout le travail pour récupérer la confiance et l’estime de soi ce qui m’a fort étonnée. Les enfants malades font un mi-temps pédagogique ; ils vont à l’école, par exemple, en début de matinée et en début d’après-midi. L’autre mi-temps est quant à lui thérapeutique (logopède, kiné, ergo, …).

Lors de l’admission, il y a un contact entre l’école d’origine et l’école à l’hôpital. Contrairement à notre première visite, les relations et les échanges avec les écoles d’origine n’ont pas l’air de poser trop de problèmes.

 

Les relations entre l’école et l’hôpital, bien qu’elles aient l’air parfois compliquées, existent quand même. Une fois par semaine ou à la demande, l’enseignant titulaire, la coordinatrice de l’école et les intervenants médicaux se réunissent pour faire le point. L’avis médical et les médecins auront souvent le dernier mot. C’est également le cas pour une réorientation scolaire ; les deux avis sont parfois différents et l’école ne comprend pas toujours les choix et les motivations de l’hôpital.

 

Nous avons rencontré quelques professeurs qui étaient frustrés de ne pas avoir pu nous présenter les activités prévues cet après-midi-là pour cause d’avis de tempête. Comme le site est situé au milieu des bois, les enfants ne pouvaient pas sortir pour se rendre en classe. Nous avons donc entendu le témoignage de deux professeurs qui nous ont fait part de leur expérience. L’un trouvait que son investissement était plus valorisant auparavant lorsque les séjours des malades étaient plus longs. Il a fallu s’adapter à la réalité de l’hôpital et aux nombreux changements. L’autre enseignant nous a expliqué qu’ils essaient de faire des groupes homogènes pour les apprentissages mais que parfois il y a des grands écarts dus aux pathologies très diversifiées.

 

Enfin, le directeur, la coordinatrice et les enseignants ont insisté sur la formation continuée de tous. Pour travailler à L’École Escale, il faut être curieux, s’intégrer dans une équipe qui vous accompagnera et où les échanges seront nombreux, assister à des cycles de conférences sur différentes pathologies organisés par l’hôpital William Lénox, …

 

Cette deuxième visite nous a donné un autre exemple d’une école à l’hôpital, déjà plus proche de l’école telle que je me l’étais imaginée. J’ai eu le sentiment que les enseignants étaient fort laissés de côté dans tout le travail de guérison et de réhabilitation du jeune dans la société alors que j’en suis intimement persuadée, un enseignant qu’il soit à l’hôpital ou dans une classe ordinaire peut apporter énormément à un enfant dans son travail de reconstruction. Il faudrait peut-être que le corps médical en soit aussi convaincu.

 

 

Notre troisième après-midi était consacrée à la rencontre en classe de deux personnes qui œuvrent quotidiennement pour les enfants malades. Voici ce que j’en ai retenu pour mon futur métier d’orthopédagogue.

 

Christian Lieutenant est un des pionniers des écoles en hôpital en Belgique et en Europe.

Il nous a dressé un bilan de ce qu’était l’école en hôpital en Communauté française (différents horaires possibles d’une journée d’un enfant malade en école de types 5, budget des écoles de type 5, partenariat avec les hôpitaux, engagement des profs, formation continuée, mise au point sur les maladies psys ou somatiques et conséquences pour les écoles à l’hôpital, ...) Il est lui-même directeur de l’École Escale des implantations secondaires à Bruxelles.

Cette rencontre m’a permis de me rendre compte que l’école de type 5 offre un large panel de possibilités tant pour les malades que pour les enseignants. Avant ce cours et ces différentes rencontres, je pensais que le type 5 se résumait aux enfants hospitalisés pour maladies somatiques. Mon regard est désormais différent et je ne ferme pas la porte à ce type d’enseignement pour donner un second souffle à ma carrière.

 

Emmanuelle Vanbesien est coordinatrice du site internet Hospichild qui regroupe toutes les informations relatives aux enfants malades.

 

Hospichild est un dispositif qui existe depuis 12 ans qui a été initié par les ministres de la COCOM (Commission Communautaire Commune) à Bruxelles. Le site est bilingue et les infos sont adaptées pour la communauté flamande. Le but était de centraliser toutes les infos dont les parents avaient besoin avant-pendant-après l’hospitalisation d’un enfant malade et/ou hospitalisé. Ce site fourmille d’infos pratiques et est un vrai soulagement pour les parents lorsque la maladie d’un enfant leur « tombe dessus ». Grâce à ce recueil d’informations, ils pourront focaliser leur énergie et s’occuper de leur enfant avant tout. Ce site internet (+ une version mobile adaptée) pourra les armer, les outiller, les aider au niveau des mutualités, des lois sur les congés spécifiques des parents, de la sécurité sociale, des labels hospitaliers, de la charte des enfants malades, des droits des patients mineurs, de l’euthanasie des enfants mineurs, de la gestion de la fratrie, des soins palliatifs pédiatriques, du pourquoi et du comment scolariser un enfant malade ? (+ les références légales + les ressources pédagogiques), ...

 

Cette panoplie d’infos est accessibles à tout le monde ; ce site est une mine d’infos pour les parents, pour les orthopédagogues et est à diffuser au maximum.

 

http://www.hospichild.be/

Ma dernière visite se déroulait à l’hôpital Jolimont de La Louvière où nous avons rencontré Béatrice Grégoire, fondatrice en 1998 et institutrice de l’école de l’hôpital. Cette visite était très différente des autres puisque la classe se situe au cœur même du service pédiatrique. L’école accueille aussi bien des enfants du service pédiatrique de jour, des enfants hospitalisés au service pédiatrique et des enfants hospitalisés en réanimation qui sont âgés entre 2 ans et demi et 15 ans.

 

Cette petite structure m’a beaucoup plu de par sa proximité avec l’hôpital et également de par son organisation. Tout semblait simple et facile ; les relations entre tous les adultes qui gravitent autour d’un enfant malade sont fondées sur le respect du travail de chacun. Les deux institutrices collaborent directement avec l’ensemble des médecins, des infirmières, des psychologues, des assistantes sociales, ... ; chacun a une place particulière dans l’hospitalisation d’un enfant et surtout, chacun garde sa place et ne va pas empiéter sur les plates-bandes de l’autre.

 

Tous les jeudis, l’ensemble de cette équipe se réunit en réunion appelée, tour médical élargi, pour faire le bilan des enfants hospitalisés. Béatrice nous a dressé le schéma d’une journée type depuis son arrivée le matin où elle consulte la liste des enfants hospitalisés avec une infirmière jusqu’à 15h où elle ramène chaque enfant dans sa chambre. C’est une institutrice passionnée et passionnante que nous avons rencontré. Elle a fondé cette école, il y a plus de vingt ans, et semble heureuse et épanouie dans son travail. Elle a défendu son projet et continue à le défendre en voulant préserver au maximum le temps scolaire des enfants hospitalisés et en étant une actrice importante dans le processus de la prise en charge global d’un enfant malade.

 

En conclusion, toutes ces visites m’ont apporté beaucoup de choses sur le plan humain. Elles m’ont fait porter un autre regard sur l’enseignement de type 5. C’est un enseignement différent qui semble passionnant et surtout qui est donné par des instituteurs et institutrices passionnés par leur métier. Suite à ces différentes visites et à toutes ces rencontres, je me pose beaucoup de questions sur la suite de ma carrière et je me verrai bien, d’ici quelques semaines, postuler dans les écoles à l’hôpital de la région bruxelloise.

​​​

Sources des images :

- www.lmottet.be

- http://www.asihs.org/

- http://hospichild.be

bottom of page