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Troubles oppositionnels

J’ai voulu, avant de chercher des pistes pour aider les parents d’enfants atteints de troubles oppositionnels, faire quelques mises au point. J’ai rencontré dans ma carrière quelques enfants atteints de ces troubles-là. Ces enfants m’ont touchée énormément, m’ont chamboulée à plusieurs reprises. En équipe éducative, nous avons cherché des pistes pour aider ces enfants et ces familles en souffrance. Mais rien n’est facile et un pas en avant peut très vite basculer. C’est notamment, pour mieux comprendre X et sa maman d’accueil et pour pouvoir être mieux armée si je rencontre encore des enfants souffrant de troubles oppositionnels, que j’ai entamé cette formation d’orthopédagogue et que toutes mes lectures m’enrichissent.

 

1. Les troubles oppositionnels du comportement : mise au point.

 

Il existe deux types de troubles du comportement : le trouble oppositionnel avec provocation et le trouble des conduites. Comme nous l’avons vu au cours d’introduction aux troubles oppositionnels, nous nous basons sur les critères du DSM-V pour définir précisément les troubles d’oppositions avec provocation et les troubles des conduites. Ces troubles doivent être traités par des professionnels.

 

Les troubles oppositionnels avec provocation sont caractérisés par un ensemble de comportements de provocation, d’opposition, d’hostilité et de désobéissance envers les adultes. Pour réaliser un diagnostic, ces comportements doivent être observés depuis six mois, doivent se manifester dans divers lieux et ceux-ci doivent être répétitifs. Ces troubles peuvent être diagnostiqués seulement lorsque quatre comportements de la liste du DSM-V persistent (enfant méprisant et vindicatif, sujet qui s’emporte facilement et se met en colère, conteste ce que dit l’adulte, enfant susceptible et agacé par les autres, colérique, enfant qui fait porter à autrui la responsabilité de ses erreurs ou de sa mauvaise conduite, qui défie ou refuse de se conformer aux règles ou demandes de l’adulte, qui provoque les autres de façon délibérée). Ce trouble présente deux composantes majeures :

  • l’opposition : L’enfant fait preuve de résistance active aux exigences et aux limites inévitablement imposées par la vie de groupe ; il refuse le compromis même raisonnable, comme il refuse d’accepter la responsabilité de ses actions lorsqu’on les lui reproche ou qu’elles lui occasionnent des ennuis ; et quand il se voit forcé à obéir ou limité dans ce qu’on lui permet de faire, les crises de colère et les rancunes sont fréquentes et souvent longues.

  • la provocation : L’enfant a une tendance marquée à vouloir toujours tester les limites et contester les exigences imposées. Il semble souvent prendre du plaisir à provoquer, à ennuyer et agacer les autres. Par contre, il accepte mal d’être lui-même provoqué ou simplement taquiné. Il a un manque de tolérance à la frustration, a peu de patience et est particulièrement susceptible.

Les troubles des conduites se manifestent par des comportements perturbateurs graves de manière répétitive et persistante. Ces comportements ont pour but de bafouer les droits fondamentaux des autres personnes.

Pour poser le diagnostic de trouble des conduites, il faut au minimum trois critères du DSM-V lors des 12 derniers mois et un des critères lors des 6 derniers mois. Le trouble des conduites est un trouble particulièrement grave, par son ampleur, sa persistance, ses représentations et ses répercussions multiples autant pour l’entourage et les victimes de l’enfant ou de l’adolescent, que pour son propre développement. Ce trouble est durable et peut se prolonger au-delà de l’adolescence. Les caractéristiques personnelles des jeunes ayant un trouble des conduites sont très semblables à celles qu’on observe dans le trouble oppositionnel, mais leurs comportements entraînent de lourdes conséquences (IPPJ, prison, casier judiciaire, ...).

Quelques exemples : brutaliser et menacer des personnes, commettre un vol en affrontant la personne, faire l’école buissonnière avant 13 ans, pénétrer par effraction dans un bâtiment, fuguer, contraindre quelqu’un a des relations sexuelles, …)

 

Plusieurs domaines touchent les troubles oppositionnels :

 

  • le domaine relationnel : Enfant qui a une relation totalement inadaptée avec les adultes et les enfants qui l’entourent dans tous les lieux. Il refuse toutes les règles alors qu’il a gardé son sens de la réalité.

  • le domaine affectif : Enfant qui est dans un état d’insécurité permanent dû à un manque affectif, à l’oppression extérieure (abandon, milieu familial violent, négligences, maltraitance, douces violences, insuccès scolaire, …), à l’incertitude extérieure (enfant intelligent mais qui se sent perdu dans une situation nouvelle, enfant qui veut immédiatement la réponse à sa demande, …)

 

2. Comment aider les parents d'un enfant atteint de troubles oppositionnels ?


En tant que future orthopédagogue, il m’a semblé primordial de trouver des pistes, d’amener des idées pour aider les parents (certaines pistes pourraient également aider les enseignants) d’enfants atteints de troubles oppositionnels. Le travail de l’orthopédagogue ne remplacera jamais le travail d’un thérapeute. Cela va de soi mais selon moi, l’orthopédagogue pourrait être une personne relais, un confident, une personne tampon qui pourra aider le jeune et ses parents en écoutant, en proposant des petites choses simples, des petits jeux de rôles, des lectures, des activités à réaliser en famille.

J’ai choisi de lire l’ouvrage intitulé « Mon enfant s’oppose – Que dire ? Que faire ? » écrit par le docteur Gisèle Georges aux éditions Odile Jacob et d’en ressortir les points les plus intéressants qui pourraient m’aider dans mon approche des parents qui ont un enfant atteint de troubles oppositionnels.


 


 


 


 

 

L’auteure a divisé son livre en trois parties. La première partie définit l’opposition et explique pourquoi les parents y seront inévitablement confronté lors de l’éducation de leur enfant. Cette première partie reprend beaucoup de concepts vus au cours et j’ai donc décidé de la lire mais pas de l’exploiter directement dans cette recherche. La deuxième partie est consacrée au changement. L’auteur apprend aux parents comment évaluer et analyser le problème rencontré. A la suite de la lecture de cette deuxième partie, les parents seront capables de mettre au point une méthode de changement qui amènera leur enfant à modifier son comportement. Je développerai davantage cette deuxième partie dans ce travail pour aider les parents. Enfin, la troisième partie reprend la liste des thérapies et des thérapeutes adaptés à chaque situation.

Démarrons cette recherche par quelques questions fréquentes que les parents se posent :

L’auteur y répond de manière brève mais rassurante.

« Suis-je un mauvais éducateur ? » Non. Il n’y a pas de bons ni de mauvais parents. Il y aura d’office des périodes d’opposition dans le développement normal de tous les enfants. Les parents feront des erreurs éducatives dans la gestion de cette opposition mais n’en seront pas pour autant de mauvais éducateurs. Suivre les conseils d’un thérapeute pourra les aider mais ces conseils peuvent parfois paraître très théoriques quand il faut les utiliser en situation de crise.

« M’aime-il ? » Oui. Il ne faut pas confondre opposition et amour. Même si un jeune traite son parent de « vieux c... », il vit dans l’instant présent et oublie vite ce qu’il a dit. Les enfants sont impulsifs et ont du mal à contrôler leurs émotions. Il ne faut pas être rancunier.

« Le fait-il pour m’embêter ? » Oui, en partie. Le but de l’opposition est de provoquer et de tester les parents. Le parent devra essayer d’être le moins provocateur possible pour ne pas initier une situation d’opposition.

« Va-t-il devenir fou ? » Non. L’opposition est un trouble relationnel et les principales complications sont sociales. Les deux risques majeurs sont l’exclusion au sein d’un groupe et le développement de conduites hors la loi. Dans ce cas, les parents doivent utiliser leur énergie à gérer situation par situation et non envisager le pire.

« Dois-je l’envoyer en pension ? » Oui et non. L’avantage d’envoyer un enfant qui souffre de troubles oppositionnels en pension est d’utiliser un espace neutre pour dédramatiser et pour diminuer l’hostilité des uns envers les autres. Le désavantage pourrait se situer dans le fait que l’enfant vivra une exclusion supplémentaire. Une telle décision doit se prendre en accord avec l’enfant et doit faire l’objet d’un projet thérapeutique. Le pensionnat ne doit pas être vécu comme une sanction par le jeune car si tel est le cas, il fera tout pour se « venger » et se faire renvoyer des établissements.

« Il veut se montrer le plus fort et un parent ne doit pas céder. » Cessez le combat. Être parent consiste à donner les armes à ses enfants pour se faire une place dans la société. Un parent d’un enfant atteint de troubles oppositionnels doit lui montrer qu’on peut être souple, qu’on peut négocier, qu’on peut modifier les règles à condition que tout le monde y trouve son compte.

« Il montre le mauvais exemple à ses frères et sœurs. » Non. L’opposition n’est pas une maladie contagieuse. Il faut communiquer avec la fratrie.

"S’il n’était pas là, je ne me disputerais pas avec mon conjoint. » Vrai et Faux. L’opposition d’un enfant créée très souvent des tensions au sein d’un couple. Les parents doivent rester unis et solidaires.

« Il est infernal depuis que je suis seul(e). » Souvent vrai. Si le parent seul constate qu’il utilise beaucoup de son temps à gérer des situations d’opposition avec son enfant, il serait préférable qu’il utilise ce temps et cette énergie en proposant des activités agréables.

 

Comment opérer au changement ? Les parents devront essayer d’amener leur enfant opposant au changement en lui faisant comprendre que d’autres comportements auront les mêmes avantages mais n’entraîneront pas les mêmes conséquences - parfois dramatiques - pour lui et son environnement. Il ne faudra pas changer toute la personnalité de l’enfant mais changer les comportements problématiques en les évaluant et en les traitant un à un. Le changement sera alors possible. Toutefois, dans ce changement, les parents devront suivre une ligne de conduite pour ne pas tomber dans certains travers à éviter  :

  • Éduquer, c’est apprendre à un enfant à s’adapter en toutes circonstances et ne pas vouloir imposer ses principes et sa manière de voir les choses.

  • Renoncer à avoir un enfant parfait ; un enfant parfait s’achète en magasin de jouets.

  • Ne pas céder à la pression de l’entourage qui sait mieux que vous en matière d’éducation mais plutôt écouter les conseils de parents qui sont ou ont été dans la même situation que vous.

  • Être confiant dans vos capacités d’éducateur et dans vos choix thérapeutiques.

  • Ne douter pas de vous.

  • Mettre en pratique les méthodes de changement d’un commun accord entre les deux parents.

     

Deux autres chapitres de cette deuxième partie sont consacrés à deux types d’attitude à adopter pour initier ce changement et le rendre bénéfique tant pour l’enfant que pour ses parents : « Encouragez et critiquez votre enfant : le pouvoir des mots » et « Valorisez et stimulez votre enfant : le jeu des points bleus. »

 

L’auteure conseille aux parents de complimenter tout enfant en étant sincère et en prenant l’habitude de faire des compliments, en utilisant la formule « je/me, sentiment, sincérité » et de valoriser chacun des progrès de l’enfant. Parallèlement à cette démarche basée sur les compliments, il existe une démarche semblable pour émettre des critiques qui sont également nécessaires. Pour être efficace dans les critiques, les parents doivent respecter trois conditions : utiliser la formule « je/me, sentiment, sincérité », ne commenter que la situation ou le comportement qui leur a déplu et enfin ne pas tout mélanger et faire plusieurs critiques en même temps.

 

Dans le deuxième chapitre, l’auteure, après la théorie, passe à la pratique en proposant aux parents « le jeu des points bleus ». C’est un jeu où il s’agit de récompenser par des points bleus une série d’activités quotidiennes ou de comportements souhaités. Ces points seront ensuite échangés contre des cadeaux que l’enfant souhaite ardemment. Les parents, en collaboration avec leur enfant, devront fabriquer un tableau semainier où figurera une série de consignes qui doivent être réalisées. Il s’agira de pointer les six ou sept situations d’opposition que les parents souhaitent voir disparaître au profit de nouveaux comportements. L’auteure insiste pour que les parents démarrent avec des situations d’opposition qui déclenchent le moins de colère ou d’angoisse chez eux. Les comportements qui auront été réalisés recevront un point bleu et les comportements non réalisés recevront un point rouge. En fin de semaine, il faudra faire un bilan avec l’enfant. Comme le but est d’éteindre les comportements oppositionnels, seuls les point bleus seront comptés et valorisés. En vue de l’échange de points, un tableau des objectifs à atteindre et des récompenses (= renforçateurs positifs - exemples : friandises, cadeaux, aller au cinéma, jouer à l’ordi, regarder la télé, félicitations, sourires, câlins, …) aura été établi au préalable. Il faudra établir la valeur en points bleus de chaque récompense (exemples : une bd = 10 points bleus, une sortie ciné = 20 points bleus, …).

L’auteure insiste sur le fait que les renforçateurs sociaux comme les câlins, les sourires, … sont les plus importants et les plus efficaces à long terme. Les récompenses peuvent être atteignables au bout d’une semaine, au bout de deux-trois semaines ou au bout de plus longtemps.

Chaque semaine, un nouveau tableau sera négocié avec l’enfant. Ce travail doit se faire progressivement. Les parents peuvent augmenter leurs demandes en qualité et en quantité. (exemple : si c’est le rangement de la chambre qui pose problème, il serait judicieux de demander à l’enfant de faire son lit la première semaine, de faire son lit et ranger son bureau la deuxième semaine et ainsi de suite).

Pour conclure ce point, il faut que les consignes soient compréhensibles par l’enfant, qu’elles soient applicables par l’enfant, qu’elles ne soient pas trop difficiles.

Le bilan hebdomadaire est fondamental. Il devrait amener un dialogue constructif et permettre de communiquer de nouveau avec l’enfant et de comprendre les difficultés sous-jacentes qui sont à l’origine du comportement oppositionnel de l’enfant.

 

Ce livre développe encore quelques pistes fort intéressantes et sa lecture est accessible à tous. Il pourrait également fournir quelques pistes à des enseignants qui sont perdus face à des enfants qui ont des troubles oppositionnels. La lecture de celui-ci pourra m’aider dans mes futures actions que je mènerai en tant qu’ortho, qu’enseignante ou maman face à un enfant qui s’oppose.

 

  • Autre lecture intéressante 

 

 

 


 


  • Autre outil à utiliser 

 

Cet outil est proposé par Caroline d'« Apprendre à éduquer » : un livret avec huit stratégies à adopter pour un retour au calme. Ce livret est un outil à proposer aux enfants afin de les aider à retrouver leur calme et leur équilibre émotionnel face à des émotions fortes. Celui-ci pourrait être intéressant pour les enfants avec un trouble oppositionnel, surtout les plus jeunes. Il s’agit d’un livret facile à glisser partout dans lequel sont indiquées 8 stratégies de retour au calme que les enfants pourront utiliser facilement en cas de débordement émotionnel.

 

 

 

 

               Livret en format pdf


 


 

 

 

 

 

Sources :

- Cours de Madame Sylvie Frère,  Les troubles oppositionnels du comportement, HE2B, Bruxelles, 2018/2019

- http://apprendreaeduquer.fr/livret-calmer-emotions-enfants/

- GEORGES, G., Mon enfant s’oppose Que dire ? Que faire ?, éd. Odile Jacob, Paris, 2002, 269 p.

- HOWARTH, R., 100 idées pour gérer les troubles du comportement, éd. Tom Pousse, Paris, 2011, 192 p.

Source des images :

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« Mon enfant s’oppose », Jacob O.

« Votre enfant refuse d’aller se coucher. Il reste collé devant la télévision au lieu de faire ses devoirs. il ne range pas sa chambre, il ne met pas la table, il vous répond. bref, il vous épuise et vous avez l’impression de vous battre sur tout. Ce guide pratique répond à vos questions – quels sont les ressorts psychologiques de l’opposition ? – comment réagir en fonction de l’âge, de la personnalité de votre enfant ? – quels sont les moyens de faire face efficacement et sans culpabiliser ? »

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« 100 idées pour gérer les troubles du comportement constituent un guide précieux pour tous les enseignants qui travaillent avec des élèves difficiles ou très difficiles. Principal d'éducation dans un collège d'enseignement spécialisé à Oxford, l'auteur a testé chacune de ses suggestions concrètes au cours de sa longue expérience pédagogique avec des élèves aux comportements problématiques. Ses conseils permettent d'identifier les moments potentiellement stressants pour les élèves, les éléments " déclencheurs " de comportements agressifs, d'éviter l'enclenchement des surenchères dans la provocation, et fournissent ainsi les moyens de mettre en place une posture d'autorité et des stratégies efficaces de gestion des comportements difficiles. »

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